<<Etude des premiers effets d’un réchauffement expérimental sur la diversité et la couverture des communautés de plantes de páramos de la Cordillère Orientale Colombienne. >>
- Pourquoi avoir choisi ce stage ?
Entre 2016 et 2017, j’avais parcouru une partie des hautes Andes à pied. J’étais revenu captivé par les paysages de montagnes tropicales, et par la richesse culturelle des sociétés qui y vivent. J’ai immédiatement accepté le sujet de stage que me proposait Eloisa Lasso avec le laboratoire EcoFiv, puisqu’il réunissait mon intérêt pour la flore tropicale alpine et pour les changements climatiques.

- En quoi consistait ton stage ?
En 2016, le laboratoire EcoFiv a installé in-situ des mésocosmes de plexiglas, appelés “open top chambers” (OTC), pour évaluer la réponse des plantes de páramos face à un réchauffement expérimental. Nous avons comparé les changements de diversité et de couverture végétale dans les OTCs, et en-dehors dans des parcelles contrôle. Dans un premier temps, nous avons collecté les données floristiques sur le terrain. Puis nous avons analysé statistiquement les résultats pour essayer de mettre en évidence différentes trajectoires de la végétation entre les deux situations expérimentales.

- Quels sont les principaux résultats de ton stage ?
Au bout de seulement deux ans d’expérience, les effets des OTCs sur la végétation de páramos étaient difficilement détectables.
La diversité des communautés végétales avait tendance à augmenter avec le réchauffement.
Les changements de couverture végétale en réponse aux changements de températures ont été plus prononcés pour les cryptogames que pour les plantes vasculaires. Et parmi les plantes vasculaires, les graminées et les arbustes ont été les formes de vie les plus “réactives” au réchauffement, mais avec des réponses contraires entre les deux sites d’étude.
Ces résultats contrastés n’ont donc pas permis de clairement identifier des indicateurs végétaux aux changements climatiques dans les páramos Colombiens.
- Quels ont été pour toi les plus grands défis sur toute la durée de ton stage ?
Ma première difficulté a été l’analyse statistique sur R. J’ai notamment cherché à calculer des indices de Cohen pour réaliser une méta-analyse sur l’ensemble de mon jeu de données.
Avant d’arriver sur le terrain, il a aussi fallu que je m’entraine à reconnaître les différentes espèces de plantes de páramos. Je me suis appuyé pour cela sur la flore générique des páramos (Sklenář et al. 2005), sur les collections d’herbiers de Bogotá, et sur des sorties préparatoires au terrain.

- Qu’est-ce qui t’a le plus plu ?
Sans hésiter : la phase collective de terrain.
J’ai eu la chance de travailler avec les membres du laboratoire dans le cadre exceptionnel de Sumapaz. Il s’agit d’un páramo qui forme une unité topographique à part entière dans la Cordillère Orientale Colombienne, et qui abrite de nombreux taxons endémiques.
A partir de la base militaire où nous étions logés, il fallait d’abord réaliser une marche d’approche pour atteindre la zone d’étude qui se trouvait sur un replat à plus de 3,800 m d’altitude. A partir de là, nous échantillonnions et identifiions les plantes pour compléter notre base de données.

- Quel est l’apport de ce stage pour la suite ?
Ce stage m’a confirmé que je voudrais travailler sur la flore des hautes Andes tropicales. L’avantage des páramos, par rapport aux milieux alpins tempérés, c’est que les plantes sont en fleurs tout au long de l’année. Pour le botaniste, cela facilite l’observation et les sorties sur le terrain.
Toutefois j’aimerais intégrer davantage les sociétés humaines dans ma réflexion. Ainsi je souhaiterais m’attacher à mieux diffuser les connaissances scientifiques aux habitants des páramos. De mon côté, j’ai beaucoup à apprendre sur leur culture et leurs traditions. Je sens la nécessité d’être plus à l’écoute des communautés andines, pour mieux comprendre leur logique, leurs pratiques, et leurs connaissances sur les plantes et la nature.
- Une anecdote ?
Les páramos sont habités par des familles paysannes qui pratiquent l’agriculture ou le pastoralisme en altitude. Pendant nos phases de terrain, les enfants venaient régulièrement nous rendre visite pour poser des questions, nous guider et parfois nous donner un coup de main.
A Sumapaz, nous avons été invités à la table d’une famille de petits agriculteurs à boire de l’agua panela et à manger de la soupe à base de maïs et de pomme de terre.
- Conseil
Mieux vaut se préparer à toutes les conditions climatiques pour explorer les páramos. Les bottes, les gants, la crème solaire ou les lunettes de soleil sont obligatoires avant de partir en haute montagne.
